Dans le domaine agricole, on simplifie parfois (trop) en se référant beaucoup à la production laitière et aux grandes cultures en pensant aux fermes « professionnelles » du Québec.
La situation pourrait changer avec certains changements qui émergent. Plutôt que de parler d’évolution ou de révolution, il semble que « les agricultures » se polarisent en deux pôles : l’agriculture avec un grand A et l’« autre agriculture ».
1- L’agriculture avec un grand A
C’est l’agriculture à laquelle on réfère traditionnellement avec ses producteurs laitiers, avicoles, porcins et de grandes cultures. Et pour cause : ils génèrent 87% du revenu net (1) agricole québécois.
Les principales productions animales sont sous gestion de l’offre ou encore intégrées, ce qui simplifie la commercialisation pour les éleveurs. La vente est moins complexe et les efforts davantage axés sur la production. C’est aussi vrai pour la plupart des grandes cultures.
Une étude récente soulevait que la relève de ces fermes vient souvent de familles agricoles établies, assurant une continuité générationnelle. Et bien que le nombre total de fermes diminue, celles qui restent deviennent de plus en plus grandes. Et il en va de même du côté des fournisseurs traditionnels qui se consolident.
Parmi les nouveaux fournisseurs de solutions, les entreprises en technologies agricoles (agtechs) permettent de mieux faire ce qui était déjà fait en plus efficace, plus rentable, plus facile, … Plusieurs solutions majeures viennent à la rescousse des producteurs : pratiques environnementales, logiciels de gestion, robotique, traçabilité (2). (Nos salutations à Aleop , Agrilog, les fermes Overbeek et tant d'autres!)
2- L'« autre agriculture »
C’est beaucoup vers cette « autre agriculture » que se tournent un nombre grandissant de femmes, de gens qui n'ont pas nécessairement étudié en agriculture et de nouveaux agriculteurs « outsiders ».
On retrouve dans cette « autre agriculture » :
a) des produits de niche des productions plus ou moins conventionnelles : culture de champignons, porc « certified humane », lait A2, etc. ;
b) des productions beaucoup plus technologiques : fermes verticales, serres, agrivoltaïsme, etc.
Manque de préjugés de leur part peut-être, manque de moyens pour l’achat de terres et de quotas certainement. Ces fermes (surtout celles du type a) peuvent présenter des barrières à l’entrée plus faibles (économiquement et en termes de faisabilité) bien qu’on retrouve plus de propriétaires ayant un emploi en dehors de l’exploitation agricole.
Productions marginales direz-vous? En bonne partie sans doute mais attention de trop généraliser ! À titre d’exemple, les cultures en serre ont été responsables de 40 % des investissements de toute l’agriculture québécoise en 2019, soit autant que le laitier deux ans plus tard (42 %), et bonnes 2e sur une base de 3 ans, devant les grandes cultures (3). Quant à l’agriculture verticale, on s’attend à une croissance de de près de 700 % dans le monde en moins de 10 ans (4).
Bien qu’on n’ait pas de données probantes à ce sujet, ces exploitations peuvent être une belle porte d’entrée dans l’entrepreneuriat pour des futurs relèves dont les parents ne sont pas prêts à passer le flambeau!
Ces productions peuvent pour la plupart faire face à des défis de mise en marché (en plus de la production), ça peut définitivement faire partie de leurs besoins à combler! Une ferme sur 5 au Québec s’est tourné vers la vente directe au consommateur avec succès : les ventes ont augmenté de 12 % ces dernières années. Ces 6131 fermes vendent principalement des produits peu ou non transformés : œufs, fruits, légumes, viande, fromage, sirop d’érable, cidre. (5)
Dans les secteurs plus technos (b), on retrouve aussi des fournisseurs agtech qui font ce qui ne se faisait pas : aliments innovants, biotechnologie agricole, bioénergie, systèmes de production innovants, etc. (Nos hommages à Ribozome, la Mouche rose, Coop Carbone et LBM Agtech pour ne nommer que ceux-là!)
En conclusion
Petites fermes et grandes exploitations, « nouveaux fermiers » et producteurs de cinquième génération, jeunes et plus expérimentés ont plus en commun qu’on ne le croit. Le paysage agricole du Québec se transforme, enrichi par la diversité des approches et des profils de ceux qui le composent.
Votre rôle en tant que fournisseur des producteurs agricoles est crucial : vous devez être capable de répondre aux besoins diversifiés de ces producteurs et de tirer pleinement parti des deux modèles agricoles.
Alors que certains regarderont simplement le train passer, chez Puzzle, nous vous encourageons à devenir la locomotive du changement. Êtes-vous prêt à prendre les devants? Contactez-nous !
Sources:
Revenu net du marché rajusté pour la déduction pour amortissement ou l'amortissement des biens corporels en 2021. Source : Statistique Canada. Tableau 32-10-0213-01 Revenu total des familles agricoles selon la source de revenu
MAPAQ, BioClips 2023, Vol. 31, no 4.
MAPAQ, BioClips 2024, Vol. 32, no 20.
MAPAQ, BioClips 2024, Vol. 32, no 1.
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